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Peaux grattées

Je m'endors à l'idée de vous,

pas la mienne,

celle que j'encourage,

dont je me gave au sein.

 

Cette idée n'a pour ombres,

que le visage des autres,

un temps passé qui rebondit en souvenirs,

en heures claires, que rien ne peut éteindre.

///

Quand vient le calme.

Quand vient la première gorgée de sang de celui,

perdu et oxydé,

en fleuves qui s'éclipsent, s'achèvent, quand tout disparaît.

Dans la chair blanche de sa tempe qui ricoche.

Son vif en toi qui explore l'interstice.

Sans qu'aucun ne doute,

ni qu'aucun visage n'écoute,

sans le jour qui dévoile l'incendie.

///

Tu aurais pu passer le fossé qui te sépare de la maison close.

D'un saut élégant ou en rampant, qu'importe.

D'y arriver, de s'y loger, de s'y sentir ogre dans une nurserie encore ouverte aux appétits.

Si tu avais eu ce courage, cette vision.

Cette maison aurait peut-être accueillit l'enfant que tu étais et que tu as perdu.

 

///

Un regard ne se perd jamais par hasard.

Il sent son heure venir,

le pouls de la cigüe.

Il danse de son iris,

derviche Léviathan,

perd sa cible pour devenir autre chose.

Un autre, plus proche du tremblement.

Il trouve toujours sa route et se trompe parfois.

 

///

Seul.

Nous y sommes parfois.

Un parfois rapide.

Un parfois qui dure.

Un parfois qui s'anime et qui s'éreinte.

Nous mesurons,

nous goutons,

nous suçons ce centre en nous qui nous manque comme la première mère.

 

Seul,

nous sommes l'étranger et son souvenir de nous.

 

///

Papillons de nuit qu'une seule lumière semble suffire.

Suffire au bonheur immédiat j'entends.

Avant la chute des particules.

Avant la chute des nombres entiers.

Avant que tout s'étreigne pour de bon.

Avant de se rendre compte qu'une mèche de bougie a vacillé.

///

C'est les jours bleus,

ceux qui se lancent à pleine vitesse sans penser au reste.

Pas de guigne,

pas d'apesanteur ni de houle qui nous rappelle nos desseins emmurés.

 

///

Plages pointillées.

Bipèdes en nombre.

Bipèdes en force qui s'engloutissent dans une eau déjà bien pleine.

Cailloux.

Pierres.

Roches ramollies qui préfèrent la chaleur épaisse à nos instants violents.

Plage qui vie dans un passé à peine proposé et qui,

vagues après vagues, nous reviennent amnésiques.

 

///

Draps rêches semblable aux ruches brûlées sur fond de peaux cassées.

Ne reconnaissent pas la moindre absence autour d'eux.

N'entrevoient pas le moindre sursaut fébrile pelé au vent.

Tous s'étreignent maintenant.

Embrassades (embrasement) d'un mur qui tombe en nous même,

en bref souvenir d'hommes,

des ombres dans une forêt.

Lambeaux d'une race chétive et maladroite.

On griffe usant les cheveux.

On s'étouffe avec nos ongles, quand l'air manque,

au prochain réveil qui ne reviendra plus.

 

///

Meurent dans la fissure du temps ceux qui regardent passer.

Il y a le regard noir m'a t'on dit.

Un regard mauvais à travers un parloir à oiseaux.

Noyée sous la nuit qui pleut, au dehors.

Bercé par le choc des nénuphars claqués.

Pour l'aveugle, rien d'autre qu'un rire muet.

 

///

Le roi des pisseurs ne pissera jamais plus loin que le gueux qui se déplace.

Nos sociétés entières, l'air de rien, sont des malades pourrissants au ciel vert doré.

De cela nulle trace.

Nulle trace car les traces sont laissées par les pensées qui se déplacent.

///

Je lis dans tes yeux une crainte.

Pas la crainte d'un ailleurs ou d'un autrefois.

Un sentiment futur qui te rend le vertige acceptable.

Lancinante dans un claustra semi baillant à la faveur des quidams,

tu ne tombes plus,

tu ne connais que la force d'avancer.

Tu marches maintenant sur quatre jambes de géant ,

traverses l'espace séant,

renverse la carte du monde en un seul pas précis.

///

Sa silhouette n'est jamais figée.

Cheveux longs ballant dans le plus lourd décors,

éphémère titubante dans la brise décalée,

elle chute à chaque instant et en se relevant, une autre réapparait.

Jamais la même.

La suivante et la dernière dans la danse du temps qui prétend être autre chose,

parfois même qui s'oublie.

 

///

C'était.

C'était la crotte, la terre sous les ongles.

C'était le berceau penchant de sa vie.

C'était, s'il fallait l'entendre, un jeu aux pièces absentes.

 

Elle dansait.

Elle dansait aux champs de pavots désertés sur une valse qui trainait.

Qu'elle entendait avant.

 

Elle souffrait autant que sa vieillesse le lui permettait,

mais elle était toujours la Eva.

Elle s'invitait à la vie Eva.

Se penchait sur d'autres horizons.

S'en prenait même à la raison.

Posait ses propres conditions.

Elles souriait seulement quand les gens qu'elle aimait pouvaient l'atteindre.

Catatonie de l'âme.

 

///

A l'entendre, ses sons ne sont pas les liens.

Des mots qu'elle n'a jamais connu,

qui ne lui manquent pas non plus.

De ces signes singés de façon dérisoire qu'elle oublie de tracer,

à la craie ou au charbon.

Elle laisse croire aux hommes qu'elle susurre aux creux des oreilles fraiches.

 

///

Pleurer pour lui n'était qu'une patience de plus.

De la larme aux sanglots,

il ne faisait rien d'autre.

///

Là où je suis.

C'est donc là!

Univers que tu me gardais secret.

C'est froid et l'air s'en retire car tout est en trop.

Mais c'est au chemin des Cyprès, comme le croisement, après,

que je perds ma direction.

 

///

Tant bien que mal on s'abime.

Versé aux quatre vents,

dispersé,

fruits mûres en équilibre sur un fil à peine tenu et bavé du matin.

Un frisson qui ruisselle,

un claquement de dents qui ne s'arrête jamais.

L'idée tenue d'une ancre noyée.

 

///

Les coups de tonnerre,

camions de feu déchirant la nuit,

crevant la lourde volute d'une éternité parsemée,

oubliée depuis longtemps,

mais dont le goût rare ne cesse de perturber ceux qui,

un jour, y ont cru.

 

///

La quête,

n'importe laquelle.

Ici ou plus tard, maintenant et ailleurs, avant même, tout cela ne me dérange en rien.

J'accélère, vaisseau fantôme hanté par le discours,

toujours le même, celui pénétrant de ce qui incombe,

le rugissant désir qui ne résiste à rien.

Ni aux hommes, ni à ses parasites.

La quête comme un soldat plombé par l'absence de peu de choses,

une sécheresse que rien d'autre ne peut éponger.

 

///

Les gens qui parlent se détachent un peu de l'animal qu'ils sont aussi.

Les gens qui écrivent se guérissent de tout par interposition.

Les gens qui voient ne sont que les cache-misère d'une époque marchant à reculons.

 

///

Avant que nous n'empruntions le dernier vaisseau.

Avant que la place ici ne manque vraiment.

Avant que l'on ne tue son dernier voisin,

dire au combien l'unanimité est effrayante.

Qu'elle est bruyante et invisible.

Qu'elle ne sait agir ou contre-agir ni pour le bien, ni pour le lien, mais pour elle-même.

Survivre à son idée propre.

 

///

Dimanche terrasse de bar en pilote automatique,

idées assommées par le nombres de coups de cloches tintinnabulantes qui tapent les tympans et tiennent à faire baisser les têtes pour s'enfuir au sol que nous rejoindrons parfois.

Dimanche,

jour d'abandon du temps qui peine à passer, qui s'étend comme une maladie ou un filet de pêche à la dérive depuis longtemps, évitant le ramassage des souvenirs des naïades.

Dimanche, (vissé)

ultime ressort à la tentation qui enivre, s'envole et redescend,

jour qui tue l'autre de son inaction.

Dimanche des bords de Meurthe,

eaux filantes sur la pente brûlante qui te rappelle que la vie n'est plus vitesse mais léger feu qui se propage et que l'on ne cesse d'attiser par sa torpeur.

Dimanche de pluie d'automne assermentées, une Toussaint malade qui se partagerait à l'unisson.

 

///

Il paraît que les corps flottent.

Ils flottent.

Toujours en flottement comme le reste,

les idées basses,

un réveil nocturne,

un rêve qui craque sous le plancher et traîne avec lui son lot d'idioties semblables à nos vies.

Nous, princes déchus.

 

///

Elle n'avait jamais eu d'enfants mais le seul meuble qu'elle eût était un landau vide qui se dandinait au milieu de la pièce déserte à mesure qu'elle y jetait les bouteilles consumées et vides qu'elle lavait comme pour se souvenir de ces instants creux.

 

Elle n'avait jamais eu de sœurs avec lesquelles partager ces instants futiles ou même les plus heureux et elle buvait pour s'en souvenirs.

 

Elle n'avait jamais été la sœur d'un frère qu'elle aurait pu protéger comme on aime à se prendre à protéger un des siens, quelqu'un du même nom qui l'aurait soutenu.

Elle buvait pour cent souvenirs.

 

Tu sais ma belle, les gens qui te connaissent savent bien ça.

Tu n'as pas toujours été si forte et ça se voit.

 

Elle n'avait jamais été propriétaire de ses appartements.

Ses petites galères et ses jobs à mi-temps ne lui permettaient que de piètres et honteuses chambres de bonnes, rue des sans sous, qui se multipliaient dans la capitale.

Elle buvait pour oublier ça.

 

Elle n'avait jamais eu de chien.

Ces choses là ne servent à rien mais,

juste en dessous du lit, un portrait d'un qui aurait pu être le sien.

Elle buvait pour oublier ça.

 

Elle n'était jamais partie en vacances pour exiler ne serait-ce qu'un peu de cette souffrance, et,

force de rester en france, prit son courage à deux mains et entreprit de longs voyages.

Elle qui n'avait jamais eu de chance, elle qui avortait toutes tentatives d'un autre ou d'un ailleurs, ses projets comme sa vie la laissait là, dans ces murs décorés d'Indes, d'Asie et d'Amériques.

Elle buvait pour oublier ça...

 

///

Les âmes en peine sont belles à voir.

Toujours.

Des illusions, désillusions, friction que nul ne partage vraiment mais l'espoir en lice, liste que l'on croit, que l'on accroit, qui arrange tout.

On sait qu'il n'en est rien.

On se rassure, comme on peut.

Les mots et les couleurs que l'on leur prête tels des pansement fragiles.

Cela ne stoppe pas l'hémorragie mais c'est un soin quand même.

Maladroit.

Qui ne serait pas, en ces termes, désorienté ?

Cette maladresse tout de même…

 

///

J'avais les intentions les plus nobles.

Une vie lointaines.

Un clair de lune.

Une tasse de thé.

Vie qui inonde une autre parfois.

 

Clémence des éléments,

et les vents fébriles,

claquements de portes sur le parvis,

rues fertiles,

nous signalions notre fin comme d'autres le font parfois.

 

Et puis le feu que l'on oublie, celui qui larme sur les joues refroidies.

Et puis les mots qui planent ; vautours chauves nettoyants les déserts affamés.

Et puis les ongles gras, lassé de gratter le dos du précédant pour s'y polir une image, un reflet acceptable.

Et puis plus rien.

Juste des intentions nobles qui parfois inonde une lune lointaine.

Juste une clémence fertile claquée au vent des éléments.

Presque rien d'acceptable dans un désert gelé.

 

///

A comparer vraiment,

rien à penser ni à faire à moitié.

On ne juge que ce que l'on connaît.

Les autres choses partent comme autant de pièces d'un puzzle manquant.

S'il y avait une raison, une seule, d'écrire ou de parler, nous l'avons perdu.

 

On exploite ces filons avec d'infimes possibilités.

D'infirmes possibilités.

Le pardon ou l'assurance.

La joie ou la déconfiture.

L'amour ou la mort.

 

Des échos semblables et pour autant inconnus les uns des autres.

 

Nous sommes le verbe perché sur une verge tarie et bancale.

Initions le déséquilibre quand l'équilibre est tout ce qui reste.

Si nous avons eu de l'amour propre un jour, nous l'avons aussi tué dans la foulée, non celle des géants mais celle des hommes multipliés par leur nombre autosuffisant et qui ne cesse jamais de croitre.

Nous sommes cette vie que nul ne consent à croire ou à porter.

 

///

Entendrais-tu cet effleurement, ce geste vers toi ?

Entendrais-tu les mots chuintés aux oreilles des sourds ?

Entendrais-tu un seul regard absent qui nierait la mer et le ciel ?

N'entendrais-tu pas le rythme du cœur qui vacille ?

 

///

En chaque endroit une chance, en chaque chance un possible.

Gâté à mesure,

extensible à jamais,

qui craque cependant plus que de respirations nécessaires,

qui fronde les demies-mesures sans idées bien fondées,

qui de l'araignée sublime se déroule en un tapis de colle où nul ne peut marcher.

En chaque endroit une histoire.

En chaque endroit un impossible.

 

///

Lacs.

Là, blancs et perfectibles.

 

Mers.

Lointaines et indicibles.

 

Nuages de ponte,

filets clairs aux accents de déjà-vu,

qui nous filment malgré nous.

Contraint d'avoir.

D'avoir vu.

 

///

Une pompe cesse.

Une pompe explose (sans cesse).

Un son que la pompe explose me parvient et m'entoure.

Sentiment incompris.

Seconde fugace, plus qu'à l'habitude.

Le temps est une énergie qui me quittera vite.

Contre-courant électrique.

 

///

 

Rappelles-toi que l'on s'est croisé un jour,

chaud et mouillé,

rêves effrénés,

bateaux et jolies eaux.

 

Oublies-moi et mes souhaits,

l'âtre les a récupérer,

léché l'orange brulant et tout s'en est allé.

 

Regardes-moi, celui qui t'étouffait,

car à trop vouloir protéger, on perd tout,

même ses regrets.

 

Oublies-moi et mes souhaits,

l'âtre les a récupérer,

léché l'orange brulante et tout s'en est allé.

 

Tout a séché.

 

///

J'étais un homme autrefois.

Qui ne se comptait pas en ami(e)s, en relations ni en traces fulgurantes.

 

Une peau sur une rivière.

Des os dans un sablier.

 

Le temps ainsi n'a jamais coulé en moi comme il aurait du, comme il savait le faire avec les autres du moins.

Le sang non plus.

Les secondes ont eu vite fait de sécher celui que je devins un jour.

Les minutes me l'ont rappelé.

Les heures pour regretter certainement cette nature morte, visible dans chaque miroir, dans chaque paires d'yeux, dans chaque cœurs qui reniflent la douce affaire.

 

Je suis devenu un homme.

Ersatz,

Relique,

Mémoire suspendue à un autre qui se refuse à moi avec cette violence qui façonnait, façonne encore les âmes timides qui nous approchent, du moins nous entourent pour mieux fuir par la porte la plus éreintée. Dérobade.

 

Je reste un homme aujourd'hui,

débarrassé de la suie grasse que crachent les cheminées.

Devenu transparent,

transcendé,

évacué de tout ce qui importe peu à mes yeux et vaut de l'or pour le reste,

je suis une différence que j'apprends à apprivoiser.

Domptage lucide et sauvage.

Entre une survie maitrisée et latente,

Entre les arbres fouillés et la pluie qui chute jusqu'à la terre qui la disperse alors.

 

Je suis presque mais ne désespère pas tout à fait le flou.

 

///

Ce soir, LA à la maison,

Pas LA en fait.

Juste la Californie,

qui me réconcilie avec le reste.

Des temps pourpres.

Des temps suintants.

Temps de fiel.

Des temps qu'il ne faut pas traverser sans la volonté des survivants.

Tu affrontes.

Tu confrontes.

Tu frondes la vie elle même.

 

Voix claire.

Voix penchantes.

Voix travers et voix de fer.

 

Le rythme que tu sers est celui frelaté des entrées de bars qui agonisent.

Ta langue dis le reste.

Les restes d'une histoire déjà faite.

Celle d'une trompette qui porte tranquillement sa note sur quelques lignes mouvantes.

 

Une note portée au-delà de l'océan.

Peut être est-ce cela, traverser l'océan.

 

///

Jambe pliée.

Nerfs pliés.

Chant vrillé.

 

Qu'arrivent les mots « l'automne » et son « printemps ».

Qu'arrive ce tumulte que personne ne ressent.

 

Doigts pliés.

Nerfs Pliés.

Chant d'avril et d'avenir.

 

Que nos oublis soient oubliés.

Que nos fiertés soient ravalées.

 

Pieds tordus coincés dans la glaise fraiche et en bas, dans la douceur,

genoux pâles sur toile de jute jetée là.

 

En une respiration, l'humanité a tout compris.

Lors d'une autre, elle aura tout oublié.

Ainsi se taisent les hommes.

 

///

 

Je me rappelle assez bien du ressac et des éléments autour.

La houle, l'océan

le blanc qui approche et timidement nous fuit.

Le blanc qui ne lave pas tout bien-sur, mais qui a encore son mot à dire,

du moins quelques secondes encore.

Ce blanc, rare, bouffé de bleu, d'embruns et de rêves pâturés où les plus faibles d'entre nous craignent de se lever.

Un blanc que l'on oublie si on ne s'en contente pas.

Un blanc passe-muraille, qui se donne à Éole comme les cœurs des gens simples et qui s'efface ensuite.

Un blanc qui se noircit.

Un blanc aveugle pour toute singularité.

 

///

On en croise parfois.

Dans une rue qui s'évide,

une personne qui s'étiole.

 

On en meurt parfois.

Dans un radeau de fortune au ficelles et aux câbles déliés.

On en revient toujours.

 

On en croise parfois.

Homme de peu de chose,

briquettes assemblées sans le sens,

dans tous les sens,

celui qu'on peut ou que l'on comprend.

 

On meurt toujours.

De les croiser ces gens là,

de devenir fade copie d'une autre copie, feuille de carbone 100 fois fleurie sur le même arbre.

Au delà de la même écorces.

On en revient toujours

 

On en croise aussi parfois.

Dans les sourires dissimulés,

déchaussés,

usés,

ruinés,

vrillés,

mal-usinés,

mal-éteint ou entre les deux,

jamais atteint ou tant que faire se peut.

 

On en croise parfois.

Mais finalement, on ne regrette jamais rien.

 

///

Un pied de grue derrière,

un pied d'escale devant,

un piédestal entre les deux,

nous sommes les freaks, drôles de machines dont l'univers se rie.

 

Jamais dans le présent de ce que nous sommes.

Toujours un projet pour relever les secondes qui, pourtant, passent tranquillement, en douceur.

Extra sensible dans une botte d'épingles.

Chatouillé par l'instant suivant, bouleversé même parfois, nous sommes de l'avant qui baisse,

baise sa garde rapprochée.

Troupiers de foires.

Mannequins usés.

Marionnettes délitées.

Revendication de qui croit tout savoir mais ne s'en repait jamais.

Cœurs en fusion pour l'instant suivant et pourtant la peur d'un trépas, du temps qui mouille nos vies d'une pluie acide et stérile.

Nulle peine de se sentir.

Nulle peine de griser ou raconter un autre rêve,

les gens,

même les plus bêtes ne sont plus dupes.

Ni toi dans tes vêtements trop larges,

ni elle dans ses songes étriqués,

ni moi dans ces quelques lignes entre lesquelles j'essaie d'exister.

« Et si » que je retrouve dans presque chaque congénère.

« Et si » que je rencontre dans chaque amour qui importe et qui me dévisage toujours.

« Et si » que je vois fleurir même en hiver,

quand rien d'autres se passe,

même plus les regrets dorés.

 

La musique d'un siècle qui tient sur trop peu de sillons.

 

///

Le mot, le mal est là.

Quelques notes, les moindre, étendues à l'infinie pour être entendues, apprises et répétées dans un autre infini, plus circonscrit celui-ci.

Serpent cosmique sans fin,

du moins la fin de sa gueule qui l'avale tout rond.

Étoiles effacées.

Astres noirs, obscurcis par notre propre pensée en avant.

Nos mémoires disparaissent.

Distillées,

arrangées,

haranguées souvent comme le soleil se cache au creux d'une voix l'été par ceux qui, perdus, ne comprennent plus.

Un alphabet chez les fourmis.

Nul ne s'en saisit car « nul » est une épreuve pour beaucoup.

Ces beaucoup qui écrasent tout...

...font plier sous leur poids… qui compromettent.

Libertés écrasées une à une,

sous les tonnes après les tonnes, il pèsent.

Poids morts après poids morts.

Personne n'enregistre ça, mais c'est tant mieux.

 

///

Autant lire les mots tristes des pensées interlopes de l'inconnu qui vous parle d'un autre.

 

Quand tout est piège,

Quand chaque regard,

Quand chaque regard croisé qui importe je veux dire, cherche le chaos dans l'autre qui fait front.

 

Tout est piège.

 

Se demander.

Se protéger.

Se quémander un peu d'amour.

Se spolier.

Se ravir de tout cela.

 

Tout est piège.

 

Quand rien est espace.

Quand chaque hallucination dessine une ligne courbe.

Quand chaque œil se barricade.

 

Tout est piège.

 

Savoir.

Savoir dans la seconde la plus menue.

Savoir l'éternité que cela pourrait colorer.

Savoir dire stop.

Tout est piège.

///

Les accidents sont la nouvelle poésie.

 

Un mot avant un autre.

 

Ponc.tua.tion a.lé.a.toire.

Savante esquisse de « s » susurrés aux sons signés soulageant les cimetières, sécrétions de Sisyphe.

Litanie en italique à l'instant, le « i » trompe le « a » et le « e » et invite le « o ».

 

Tout cela a été vu.

Nous sommes tous d'accords.

 

Les nouvelles perversions de la langue sont la nouvelle poésie.

 

Un mot avant l'autre et puis peut être le suivant.

 

///

Ce que j'aimerai à la fin de ma vie,

ce qui se posera aussi longtemps sur mon regard,

le dernier temps,

la dernière goutte de temps,

sera aussi ma verge.

Celle qui aura dessiné ma vie,

qui en aura croqué les contours.

Celle qui aura jugé de tout,

de chaque acte.

Chaque instant maitrisé par l'érectile.

Chaque pensée penchée qui tourne autour d'elle.

Elle aura été ma douleur mais aussi ma belle récompense.

 

Tellement de rêves passés dessus.

Les yeux fermés, main posée sur turgescence.

Elle qui n'a fait que me trahir pourtant.

Cette pute de bite.

 

Elle a toujours eu le pouvoir.

Essayez de lutter contre ça. Contre cette petit nature qui dévore tout.

 

Nous ne sommes pas en reste.

La lutte est perdue d'avance.

La lutte n'est pas une lutte mais un mirage.

Virage à gauche quand on la porte devant soi,

quand enfin la portée du désir s'amoindrit.

 

Nous ne sommes pas en reste.

Seul cela reste.

 

///

Empêchée la vie.

Empêché le temps.

Empêchée la liesse

et les pétales cinglants.

 

Empesés les pas.

Empesé l'oeil vif.

Empesé le trépas

des hommes encore craintifs.

 

Embrumé l'espoir.

Embrumé le sang.

Embrumés les soirs

des instants décadents.

 

Emmurés les spectres.

Empressé l'horizon.

Embué les tertres

laissés à l'abandon.

 

///

Silence, absent mes doigts me cherchent.

 

Cinq contre rien.

Seuls contre tout.

Varice d'un monde ligoté.

 

Silence absent, mes doigts me cherchent.

 

Ne trouvent pas,

Ne trouveront pas car,

cela a disparu ou est déjà bien loin.

 

Silence absent, mes doigts me cherchent.

 

Dans les travers d'une porte ou d'une frontière,

dans les hauteurs des vagues à l'âme battus.

 

Silence absent, mes doigts me cherchent.

 

De part la brise,

De part le sable,

De part l'eau calme.

 

Silence, absent, mes doigt me cherchent.

 

Feuilles jaunies, feuilles à terre, feuilles K.O.

 

Silence fécond mes doigts me cherchent.

 

///

Dans ton dos saignent les morts que tu as oublié.

C'est la chair en deuil qui te parle, qui te prend le matin,

au levé, quand tout est encore posé.

 

Possible.

 

C'est la trace d'un avion dans le ciel que tu auras raté qui replonge dans la tienne.

Plus vieille et encore mal cicatrisée.

 

Celle qui ne sourit pas.

Celle qui t'agace.

Trace fugace qui te quitte.

Trace fragile aussi qui en un éclat vole en mil autres.

 

Dans ton dos saigne les pigments d'un pacte que nul ne saurait effacer.

 

///

​​

On a le droit de croire en la bonté.

On a le droit de pressentir ce besoin du moins.

Ligne après lignes.

Temps suivant qui fait rejet un autre moins conséquent.

Espace courbe au zénith du crépuscule,

y croire ou pas n'a que peu d'importance.

Cela existe.

 

On peut sentir,

fébrile et dénudé la caresse des arbres.

Animés par un mistral fatigué, désenchanté,

nous retombons sans cesse.

Sur une idée.

Sur une paresse.

 

///

J'aime assez ces coins morts.

Ces endroits inquiétants, émanant le suif rance et le mauvais parfum.

Espaces cello-fanés qui dévorent tout dedans et parfois au dehors.

Les yeux fatigués.

Les langues pendantes.

Les âmes clopin-clopantes que nul ne semblent voir.

Il y a quelques insectes repus aussi qui dansent en cercle dans un triangle de feu.

Les oiseaux ne sont pas en reste non plus.

 

Pique dans le ventre de l'air.

Piques dans le ventre du ciel.

Pique dans tout les ventres de la création qui libéralisent pendant que nous crevons là.

 

J'aime assez ces coins de mots.

 

///

Se connaître dans l'oubli.

Se satisfaire de l'absence.

Se trainer devant.

S'imaginer des réalités.

Se faire feuille.

Se croire caillou.

Se prendre pour le puit de quelqu'un.

S'annoncer invisible.

Se surprendre à l'ivresse.

 

///

 

J'avais déjà œuvré pour les porcs.

Bien sales, bien gourmands, bien sots.

Mission transitoire.

 

Dans les mots du crépuscule d'une vie, je m'étais déjà employé au mensonge.

J'ai eu de bons mentors pour ça.

Je ne connais que ça.

Je n'ai de mémoire que les fausses notes dont on m'a gavé.

 

Il n'y a pas une histoire qui ne s'entache pas sur moi.

Tâche vermillon sur un vernis craqué qui trouble, qui efface et luit à la place des mots simples.

Tâche brunâtre d'un fix trainant déci-delà.

Tâche rose sur l'enfant annoncé qui ne s'est jamais invité.

Tâche noire pour le petit restant de ma vie qui ne saigne plus comme avant,

qui rame à contre courant de toute chose.

Des tâches. Il y en a et nous n'en manquerons jamais.

 

Il n'y a pas d'histoire qui ne me poursuive pas sans s'éteindre d'elle-même.

Graine pourrie.

Terre neutre.

Eau séchée.

Monde cataclysme, cataplasme à mes vies manquées.

En moi rien ne pousse vraiment, rien est certitude, rien n'est arrangé pour.

Steppe mordante et usurpée.

Ce que je suis est là et en danger.

Pas d'histoire qui ne me traverse sans faire mon sang couler.

Pas le sang que l'on suce.

Celui qui coule, sous l’œil, jusqu'au ventre.

Celui salé des mers fermées que nul ne veut boire ou goûter.

Qui écœure et qui tue parfois.

 

Œuvrer pour les porcs s’engloutissant sans cesse.

Il ne me restait que ça pour Être ou du moins en porter le masque.

 

Odeur flétrie couvrant celle de mes fautes, couvrant même au-delà de toute espoir mes nécroses, escarres que je ne nommerai pas ici tant je les ai nommé dans un amour ou une haine sans cesse immobile.

 

J'ai fait cette bêtise d’œuvrer pour les porcs.

En lieu de facilité.

En lieu de battre le cœur chaud.

En lieu d'acter.

En lieu et en temps révolu.

 

///

Les embruns ont disparu.

Ceux qui élevaient au plus haut.

Ceux qui rasaient aussi les mains tremblantes des âmes aimantes.

 

Les embruns ont disparu.

Les mêmes que nous avions respiré par mauvais temps, mais toujours ensemble.

Atomes nuages liés à nous pour le meilleur et pour le pire à venir.

 

Les embruns ont disparu.

Partis aux larges, nous mettant en travers, faisant faire demi-tour et cabrioles.

Ce que l'on prisait sans trop d'effort nous amenant le plaisir parfois.

 

Les embruns ont disparu.

Anges de vertu,

bêtes aimantes,

filles de l'air au moins autant que de l'eau.

Trouble.

 

Les embruns ont disparu.

 

///

Imagines seulement les gens comme des cymbales.

Ces 1000 cymbales elles ne jouent pas en même temps,

ni ne jouent le même tempo,

ni la même mélodie.

Ne raclent pas la même gorge.

Renâclent à la même tâche de se rencontrer.

Calcules maintenant.

Calculent seulement le nombre de battements,

le nombre absent.

Dans ce nombre il y a tout, autant de tout que de rien et de raisons.

Dans ce monde, il y a l'absurde et l'inutile.

Tout ce qui devrait importer mais qui n'est jamais à portée.

 

///

​​

Planté sur la feuille du premier arbre qui t'as cueillit,

tu trembles.

Ce n'est pas les clous du vent qui t'assaillent.

Ce n'est pas la fatigue d'être las qui te mine.

Ce n'est pas non plus la longue traversée de ta vie ni même un plan.

Planté sur l'arbre dont la feuille te cueille,

tu es simplement là.

Comme toujours.

Depuis le début,

tu rodes les choses,

tu suspends les choses,

tu les agglutines en un rêve que personne ne tient à partager.

 

Comme toujours,

depuis le début,

tes croches-dents t'empêchent de mordre, de retenir,

c'est ce que tout le monde voit.

 

Comme toujours,

depuis le début,

ton âme en liesse rejoint les autres dans un dernier saut illusoire et,

toi,

comme toujours,

depuis le début,

tu n'es déjà plus là,

tu rides seul.

 

///

Souvent je renifle de-ci, de-là.

Souvent, je ne sais pas pourquoi…

Me rassurer ?

Faudrait-il une odeur qui rappelle une voix, un regard, un sexe ?

Se repérer ?

Encore faudrait-il que le monde en moi et au dehors bouge moins.

Se définir ?

Tellement d'autres y ont pensé et se sont perdus.

Se repaitre ?

De qui ?

De quoi ?

Combien sont-il morts à renifler l'amour ?

 

///

Ville/crabe/séchée.

Ville/assassine.

Ville/grain/de/folie/fraiche.

Villes/qui/en/rue/claquent.

Ville/qui/en/toi/se/dépose.

Aux/autres/laisse/places/vides.

Aux/uns/places/libres.

Ville/que/tu/attends/toujours.

Qui/sans/toi/fait/sa/vie/ou/déplace/la/tienne.

Ville/qui/te/revient/toujours.

 

///

C'est la douleur qui te fait tordre.

C'est la douleur qui te fait taire.

C'est la douleur qui te regarde.

C'est la douleur qui t'abandonne.

C'est le sourire sur ton visage.

C'est le sourire qui lave ta face.

C'est le sourire qui aboie fou !

C'est le sourire qui t'emprisonne.

C'est la folie qui frappe tes yeux.

C'est la folie qui fausse ta route.

C'est la folie qui te redresse.

C'est la douleur qui te fais tordre.

///

 

Du pavé.

Dans le ventre,

dans la tête.

Cœur pavé.

De bonnes intentions.

Révolutionnaires.

En enclaves bourgeoises.

Effacement.

Effacement des pavés.

Épaves égarés.

 

///

 

Ton ventre grossira un jour.

Ton ventre sera niche.

Cette niche abritera.

T'abritera un moment.

Et au loin,

quand tu reviendra fine,

les gens diront : »Manon est de retour ».

 

///

 

Cette jeune femme,

cette jeune femme et rien d'autre.

On peut la croiser parfois au bord de la ville dormante.

On peut la croiser prés de l'eau.

Cette jeune femme,

placée là,

est le signe de l'inconstance.

 

Elle est brune.

Brume et multitude.

Brume et légèreté.

///

 

Il se cachait toujours derrière une vitre.

Pour se faire il choisissait les plus grandes et les plus sales.

A traverser les routes trop claires,

a s'emparer des rues trop pleines,

a s'évacuer de toute souffrance,

on ne risque plus rien.

Ni la vie.

Ni un parfum.

Ni une peau.

On s'efface dans un silence lourd.

En particules fuyantes du meilleur effort.

 

///

 

Battent le pavé.

Battent l'air qui roule.

Battent les fronts brûlants.

Battent les fleurs et dans leurs bras verts,

pétrole de déraison.

Battent ce qu'ils peuvent.

Battent ceux qu'ils veulent.

Battent la retraite des fières cordées d'une armée de morts-né.

 

///

 

Tout est simple.

Tout est sans contrôle,

d'aucune sorte.

Ni la respiration qui fuit paisiblement.

Ni tes yeux enfouies cherchant le sol.

Ni le crucifix dans ta poche qui te fait croire que tout est vrai et tient dans une poche déjà encombrée, un soleil qui meure derrière un nuage trop gras.

 

///

 

Je te préviens, le liseron a poussé.

Sur toi, il s'est étendu.

Nourrit, sur toi il a séché.

Je t'ai prévenu.

La pluie tombe.

Renversé, l'horizon désoeuvré et tout le mal du monde à toucher tous les fronts, les mains,

le moindre dés de peau.

Et je n'y peux rien.

 

///

 

Cette étreinte là,

je l'avais aperçu au loin.

De plus près,

ça brûle les yeux et le corps ne s'en remet déjà plus.

Cette étreinte là,

c'était deux idées qui explosent l'une dans l'autre.

L'étincelle d'une vie en somme.

Un coup de tonnerre.

///

​​

Un homme vit dans un tronc.

Ce tronc comme la plupart des troncs est fait de bois,

qui,

pour le coup est très solide.

Un homme vit dans un troncs.

Ce tronc comme la plupart n'as pas de porte.

Un homme vit dans un tronc et ce tronc, comme la plupart est en feu.

Dans ces troncs incalculables, en nombre toujours croissant, des hommes vivent et tous implorent qu'il y en ait d'autres.

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