top of page

Vivre 13 actes ou presques

 

Acte I

 

Je suis l'homme qui marche.

Dans une ville ou dans une foret.

Sur lui même ou sur les autres parfois.

Qui marche en ce moment sur les feuilles d'un automne qui n'en rappellera aucun autre, feuilles pourtant écrasées, feuilles pourtant battues, feuilles pourtant et essentiellement perdues entre le bitume et pied qui avance.

Je suis un homme qui marche à la bonne aveuglette, qui ne sent aucun danger venir car ils ont déjà fait le vide en lui.

Ne lui apparaît pas la branche qui tombe et cogne, mais celle qui vole presque.

Ne lui apparaît pas la route presque accomplie mais celle à peine parcourue.

Ne brule en rien l'étage de la prochaine étape.

 

Je suis un homme qui marche.

Entre bon nombres de vives noirceurs sur son passage.

Qui marche où il peut, où il pourra dans d'autres idées folles, où les particules le laisseront en marge d'un automne qui ne sera comme aucun autre.

 

Acte II

 

Nous étions garçons pressés et têtes revêches.

Nous savions tout de l'amour sans pour autant l'avoir connu,

Et dans ce reliquat de certitudes,

Nous nous couchions nus, dans la braise sans trop savoir pourquoi elle nous brûlait.

Que cela ravive la blessures des tisons,

nul n'en doute.

Que cela n'aide pas quelques rapprochements,

Il n'en est aucun doute et seul l'énergie de l'autre à croire que seule sa force peut suffire faire de lui l'imbécile doublé d'un heureux.

Je me perche en attendant la sentence qui tombera un jour.

Peut-être demain, peut-être jamais encore une fois avant de le transformer possible.

 

Acte III

 

Elle est nue.

Dégouline encore l'huile du bain sur sa peau aux reflets de pupilles.

Elle est là et je ne suis qu'un autre qui regarde, une tête de plus à nourrir.

 

Elle est nue.

Mais elle n'est déjà plus à moi.
L'a t'elle jamais été d'ailleurs,

elle nuage léger avec lequel tous veulent se parfumer.

Elle que rien ne décide vraiment et qui laissera à jamais son âme vagabonder.

Elle que personne jamais n'a tenu plus longtemps que l'éphémèrene se tient elle-même.

Elle pour qui les hommes se battent depuis des siècles mais qui ne répond pas.

Pas ce soir en tout cas.

Pas de la façon que l'on aimerait meilleure.

Celle qui se devine mais ne se dit jamais.

Il y a bien des mots à mettre sur cette femme nue sans parler vraiment d'elle.

Parler d'eux parfois suffit.

 

Elle est nue.

Pour une dernière fois, sur l'huile du bain qui dégouline sur sa peau, se posent mes pupilles.

 

Acte IV

 

Pour la plupart des gens, il n'y a plus de clarté après une certaine heure mais je n'en crois rien.
N'as-tu jamais allumé une bougie.

Soufflé un clair de lune, une âme à conquérir ?

Pour la plupart des gens, il n'y a que la clarté.

Un ciel rougeoyant sous des tonnerres de canicules.

Ceux-là aussi j'en vois les desseins,

Ceux-là aussi transpirent la joie et l'infini.

Et alors le notre dans tout ça ?

Un si court infini.

Un si petit tout.

Un incroyable on ne sait pas encore vraiment...

 

Acte V

 

Il pleut.

Sur la fenêtre il ne pourrait pas pleuvoir plus.

Dans cette pièce, pas sur du tout.

Pourtant « au sec » comme on dit mais jamais à l'abri des vraies intempéries.

Celle qui vous sape un homme et tout ses morceaux avec.

Une bienveillance bien placée à l'endroit où le coeur fait deux.

 

  • Black Pinterest Icon
  • Black Instagram Icon
bottom of page